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( 12 décembre, 2022 )

17 Décembre 2022 à NANCY

 

 

Les Associations

HISTOIRE ET CULTURE

LES LECTEURS LORRAINS

Vous invitent à  une

Conférence-débat

Avec

François-Xavier CONSOLI

Qui présentera son livre

LA REPUBLIQUE CONTRE LA FRANCE

Avec la participation de

Pierre de MEUSE

Ecrivain. Préfacier du livre

et

Hilaire de CRÉMIERS

Président d’Honneur de LA RESTAURATION NATIONALE

Centre Royaliste d’Action Française

Directeur de LA NOUVELLE REVUE UNIVERSELLE

Fondateur et Editorialiste de POLITIQUE MAGAZINE

 

SAMEDI 17 DECEMBRE 2022

De 14 à 17 h

Vente de livres et dédicaces à la fin de la conférence

 

Brasserie Excelsior

Salon Emile Gallé (caveau)

50 rue Henri Poincaré à Nancy

Une participation libre aux frais sera demandée

( 1 octobre, 2022 )

SUR QUELQUES APPROXIMATIONS ET CONTRE-VÉRITÉS DE BERTRAND RENOUVIN SUR MAURRAS SUR QUELQUES APPROXIMATIONS ET CONTRE-VÉRITÉS DE BERTRAND RENOUVIN SUR MAURRAS

 

Lu sur « actionfrancaise.net »

 

C’est avec un grand intérêt que j’ai lu l’entretien que vous avez accordé à Bertrand Renouvin[https://frblogs.timesofisrael.com/charles-maurras-a-t-il-etudie-la-philosophie/], et dont je n’ai évidemment pas à juger du fond politique. En revanche, il me semble nécessaire de devoir apporter à certaines de ses réponses quelques corrections, car elles pourraient, compte tenu des approximations, voire des contre-vérités qu’elles contiennent, induire votre lecteur en erreur.

Il en est ainsi de la réponse à votre question sur l’empirisme organisateur de Charles Maurras. Il est faux de prétendre que « c’est un concept fictif inventé dans les années soixante à partir de quelques phrases de Maurras » Il est faux aussi d’ajouter : « Le chef de l’Action française n’avait pas étudié la philosophie. L’histoire non plus, d’ailleurs. »Ces deux simples phrases contiennent trois contre-vérités qu’il me faut corriger.

Première contre-vérité : celle relative au « concept fictif inventé dans les années soixante ». C’est dès 1898 que Maurras fait paraître Trois Idées politiques, dont le troisième chapitre a pour titre « Sainte-Beuve ou l’empirisme organisateur », avec en exergue une citation d’Anaxagore en grec et en français : « Toutes choses étaient confuses / L’intelligence est venue les organiser. » Tel est précisément, pour Maurras, l’objet de l’empirisme organisateur et il reconnaît sa dette à Sainte-Beuve d’en avoir trouvé la formulation. Il ajoute que « cet Empirisme organisateur que j’ai rapidement déduit de l’Histoire naturelle des esprits constitue le système religieux et moral, parfaitement laïc, strictement rationnel, pur de toute mysticité, auquel semble aspirer la France moderne ». Peu à peu, au gré de ses articles notamment dans LAction française, mensuelle puis quotidienne, il précise le concept, le définissant le 1er  février 1908 comme « la mise à profit des bonheurs du passé en vue de l’avenir que tout esprit bien né souhaite à la nation ». Il ajoute même que ses « théories » se résument à l’empirisme organisateur. Du reste, plusieurs colonnes lui sont consacrées dans Le Dictionnaire politique et critiqueainsi qu’un chapitre entier dans la quatrième partie de Mes Idées politiques dédiée à la « science politique ». Par conséquent, ce concept est, depuis l’origine, au centre de la pensée maurrassienne et n’a en rien été inventé dans les années 1960. Du reste, le sociologue Pierre Debray, passé au début des années 1950, sous l’impulsion de Pierre Boutang, du catholicisme marxisant à la pensée maurrassienne, faisait grand cas de l’empirisme organisateur, car il y voyait une réponse au matérialisme historique, permettant de préserver la liberté humaine dans l’histoire.

Deuxième et troisième contre-vérités, à traiter ensemble : Maurras n’aurait jamais étudié ni la philosophie ni l’histoire. Si l’on vise par « étudié » les études universitaires, c’est un fait, Maurras n’a pas pu suivre d’études universitaires pour deux raisons principales : sa quasi-surdité qui lui interdisait de suivre des cours et la nécessité dans laquelle il était de travailler pour vivre et faire vivre sa famille (il était orphelin de père et sans fortune personnelle ; son jeune frère poursuivait des études médicales). Il s’est toutefois inscrit l’année de son arrivée à Paris en histoire à la Sorbonne, allant travailler en bibliothèque, comme il avait l’habitude de le faire aux archives municipales de Martigues. De plus, il a lu et travaillé les grands historiens de son temps, notamment Guizot, Tocqueville, Taine, Fustel de Coulanges, Renan ou Cochin. L’historien et académicien Thureau-Dangin l’épaulera également.

S’agissant de la philosophie, il avait reçu un solide bagage au lycée. Il passa l’été de ses 15 ans à lire la Somme théologique dans le texte, comme du reste les philosophes grecs, dont Platon, sur lequel il écrivit des pages lumineuses. Sa vocation était la philosophie mais, comme il savait qu’il ne pouvait, matériellement parlant, y consacrer les dix années nécessaires pour être reconnu comme « philosophe » à part entière (c’est ce qu’il écrit à son mentor, l’abbé Penon), il dut se contenter d’étudier la philosophie pour des revues (notamment aux Annales de philosophie chrétienne, à LInstruction publique, à La Réforme sociale, à LObservateur français ou à La Revue encyclopédique Larousse) compensant, pour écrire ses articles sur les parutions en philosophie, par de très nombreuses lectures personnelles, des cours qu’il ne pouvait pas suivre. Sa correspondance toujours avec son mentor l’abbé Penon, que j’ai publiée, montre son intimité, dans leur langue originale, avec les penseurs grecs ou Lucrèce et saint Thomas, mais aussi, notamment, pour ne citer que les plus célèbres, avec Descartes, Pascal, Malebranche, Spinoza, Maine de Biran, Rousseau et les philosophes des Lumières, Kant, Hegel, Comte, Cousin, Spencer, J. S. Mill, Schopenhauer ou encore Bergson, à la philosophie duquel il consacra un …roman policier. Il s’intéressera également de près à Fichte.

Affirmer qu’on ne trouve pas trace de lui dans le débat philosophique et le comparer, en la matière, à Heidegger, (« encore plus sulfureux que Maurras » [sic]) n’est donc pas pertinent. On peut avoir étudié sérieusement la philosophie sans faire partie des quinze ou vingt grands philosophes que contient l’histoire de la pensée occidentale. Il est toutefois intéressant, puisqu’il n’y aurait pas censure, de noter que les élèves de Terminale avaient encore le droit, au début des années 1970, de lire du Maurras dans la collection « Les grands textes de la philosophie » de chez Bordas, par exemple, ou que Vrin, le célèbre éditeur de textes philosophiques, publiait en 1972 un recueil de textes intitulé De la politique naturelle au nationalisme intégral / Charles Maurras (textes choisis choisis par François Natter, Claude Rousseau et Claude Polin). Le fait est que la politique éditoriale a peu à peu évincé Maurras.

S’agissant de la pensée de Pierre Boutang, il est vrai que son œuvre philosophique « se situe au-delà du domaine politique mais [que] le souci de la cité n’est jamais perdu de vue. Le pouvoir politique est envisagé dans la perspective d’une “modification chrétienne”. » Il faut toutefois préciser que, loin d’être perdu de vue, le souci politique, objet du premier ouvrage du philosophe, a été constamment l’objet de ses préoccupations. Bruaire et Boutang enseignaient à la même époque à la Sorbonne et avaient une grande estime réciproque. Boutang en avait également une pour Jeanne Delhomme, la belle-mère de Bruaire, ancienne disciple de Gabriel Marcel passée à l’existentialisme athée. Il m’avait félicité de suivre ses cours à Nanterre, car, en dépit de tout ce qui pouvait les opposer, c’était à ses yeux une véritable philosophe. Ce qui opposait Boutang à Bruaire, c’était l’idéalisme du second et la possibilité de christianiser Hegel, alors que, pour Boutang, il l’affirme dans Reprendre le pouvoir, l’hégélianisme est un athéisme. Si, à ses yeux, le christianisme, plus exactement même, la kénose du Christ a modifié le pouvoir, il n’y a en revanche aucune modification chrétienne possible de Hegel et de son Absolu. Après avoir évoqué un « Hegel effectivement athée », il ajoute : « L’Etat universel et homogène ne se fonde dans la lettre de Hegel, en accomplissement du christianisme (« germanique ») que si la croix en a été préalablement évacuée, si en a été chassé le berger qui ne s’engage pas dans la lutte à mort, mais pose et expose sa vie pour son troupeau. »

Comme son ancien élève et devenu ami, le regretté Michaël Bar-Zvi, l’écrivit dans l’article qu’il lui consacra dans le numéro spécial de la Nouvelle Revue Universelle dédié au centenaire de sa naissance (en 1916), pour Boutang, « la politique n’a pas pour but de finir l’histoire  : elle est au contraire un commencement », et de préciser : « La décomposition inévitable des Etats modernes laisse le champ libre pour un autre ordre, dont le fondement se trouve dans la persistance d’une langue poétique conservée par le peuple de la transmission [ie : le peuple juif]. Heidegger le comprit aussi, mais pour lui cette langue poétique était en-deçà de la métaphysique occidentale judéo-chrétienne. Cet âge nouveau, qu’invoque Boutang, à plusieurs reprises, trouve ses racines dans l’histoire du peuple élu ». Idée que Michel Bar-Zvi était venu développer lors du colloque que j’avais organisé, à l’Assemblée nationale, sur le centenaire de Boutang, à l’automne 2016.

Il est vrai aussi qu’avec notamment La Nation française, Boutang a « contribué à la renaissance du royalisme »,mais il faut préciser qu’il le fit sans jamais rompre, et cela jusqu’à sa mort, avec la pensée maurrassienne —  il aimait à dire que Maurras avait été « la matière de toute sa vie » —, à l’exception évidemment de l’antisémitisme, avec lequel Boutang rompit définitivement dans les années cinquante, mais qui, à ses yeux, n’était pas central dans la pensée de Maurras. Pour Boutang, Maurras était, sur cette question, surtout tributaire des préjugés d’une époque qui, de plus, était marquée par une profonde méconnaissance de la pensée juive, voire de l’Ancien Testament. Au contraire, grâce à sa femme, en 1939, Boutang avait pu rencontrer « le prophète juif  » Martin Buber aux décades de Pontigny, ce qui déclencha en lui un grand intérêt pour la pensée juive, dont ses étudiants peuvent témoigner. Par ailleurs, évoquant l’agnosticisme de Maurras, lequel, bien sûr, n’avait pas théorisé cette « modification chrétienne » du pouvoir, il notait : « Qui peut reprocher à quelqu’un de ne pas être chrétien ? […] On peut prier pour qu’il ait la foi […]. La politique de Maurras était chrétienne jusqu’à un certain point », notamment dans le souci du pauvre. C’est particulièrement clair dans le beau dialogue qu’il entretint avec George Steiner Sur le mythe dAntigone ; sur le sacrifice dAbraham.

Voilà quelques précisions que je souhaitais apporter, car elles me semblent utiles au lecteur.

Axel Tisserand

Ancien élève Pierre Boutang, docteur de l’Ecole pratique des hautes études (sciences religieuses). A publié en 2013 : Boutang, Qui Suis-Je (Pardès) ; en 2019 Actualité de Charles Maurras (éditions Téqui). Vient de faire paraître aux éditions de Flore : La Voie capétienne.

( 25 mars, 2022 )

Un nouveau Secrétaire Général à l’AF : Francis Venciton

 

 

 

Le 12 mars dernier se tenait dans les locaux parisiens de La Restauration nationale le congrès des cadres de l’AF. Environ quatre-vingts chefs de section, présidents de fédération et cadres nationaux étaient réunis à la suite de la nomination par le Comité Directeur de l’Action française de Francis Venciton en remplacement de François Bel-Ker à la fonction de Secrétaire général du mouvement. En effet après trois mandats de trois ans, celui qui a opéré un redressement spectaculaire de notre mouvement n’a pas souhaité poursuivre. Ce chef rigoureux, méthodique et proche des militants fut ovationné au cours de la petite fête donnée en son honneur qui fut organisée à la suite d’une longue journée de travail, dont un compte rendu substantiel sera publié prochainement.

Depuis 1955, l’Action française a toujours eu à sa tête un Secrétaire général pour diriger son mouvement. De 1955 à 1980, Pierre Juhel fut l’homme de la continuité. Cet ancien chef d’équipe des Camelots du Roi, solide militant et entraîneur d’hommes hors pair, a permis à La Restauration nationale de reprendre sa place durant trois décennies au service de l’intérêt national. À son décès, Guy Steinbach, ancien résistant, président de l’Association Marius Plateau (Association des anciens combattants d’Action Française) le remplaça durant une décennie. De 1991 à 1994, Bernard Bonnaves, connu pour son travail remarquable réalisé dans le Doubs à la tête de sa section, fut le Secrétaire général de la Génération Maurras. Stéphane Tilloy lui succéda, il occupera le poste jusqu’en 1997. Suite à la séparation fratricide de 1998 entre l’AF de Pierre Pujo et celle d’Hilaire de Crémiers, Nicolas Kayanakis, ancien responsable du réseau OAS Métropole Jeunes, devint secrétaire général jusqu’en 2001, date à laquelle Pierre Pujo, président du Comité Directeur d’Action française, décida de nommer des responsables nationaux à l’organisation plutôt qu’un Secrétaire général. Au décès de Pierre Pujo en 2007, Olivier Perceval, qui dirigeait le Groupe de Liaison Royaliste, fut appelé pour remettre en place une équipe et rassembler la famille d’AF (La Restauration nationale et le Centre Royaliste d’Action française fusionnèrent finalement en 2018). En 2013, François Bel-Ker, ancien chef de section de Clermont-Ferrand et fondateur du Printemps français, lui succéda.

L’Action française connaît une ascension fulgurante depuis une dizaine d’années. Lycéens, étudiants et jeunes professionnels adhérent en nombre et l’Action française retrouve la Une des médias. Cette jeunesse vient pour la formation, par patriotisme, pour embrasser une cause qui la dépasse. Francis Venciton est de cette jeunesse-là. Né dans une famille de chrétiens de gauche, Venciton a pour unique certitude que la vérité politique passe par les livres. Après quelques années à échanger, lire et assister aux conférences, c’est au milieu des années 2010 qu’il adhère à l’AF. Militant au sein de la section de Marseille, il connaîtra les affres de la vie de notre local de la « rue Navarin », entre les attaques de nos adversaires et les manifestations pour défendre les intérêts français.

Ayant une soif insatiable de connaissances, Francis Venciton a pleinement intégré l’axiome maurrassien, « A la main une bonne canne, dans la poche un livre » : les auteurs maurrassiens n’ont pas plus de secret pour lui que les auteurs classiques, que ceux d’en face, que ceux d’à côté…

Intervenant à Sciences-Po et à Harvard, écrivant régulièrement dans la presse – Le Bien commun, La Nouvelle Revue Universelle, Présent – il fonde L’Insurgé, le journal insolent de la jeunesse d’AF. Après avoir coécrit un ouvrage sur l’écologie aux Éditions de Flore, il relance la revue de poésie Points et contrepoints qu’il dirige toujours à ce jour. Ses études de philosophie éthique et politique appliquée ne sont jamais vraiment bien loin…

Après avoir pris la direction des cercles d’études lycéens et étudiants, il est nommé responsable du Cercle de Flore et de l’Institut d’Action française, et c’est en 2020 qu’il devient Secrétaire général adjoint avec déjà pour mission de remplacer François Bel-Ker à la fin de son mandat.

Plaqué Camelot du Roi en 2021, c’est comme héritier de cette élite de militants politiques que bien des mouvement nous envient que Francis Venciton accepte cette fonction et celle de membre du Bureau Politique du mouvement.

Toujours en première ligne, que ce soit dans la rue ou dans le domaine des idées, on peut compter sur le nouveau Secrétaire général pour que la dynamique stimulante de ces dernières années non seulement perdure mais se démultiplie.

( 17 mars, 2022 )

PRESSE ET LIBRAIRIE N° 377

 

 

 

LA CRITIQUE SOCIALE DE RAYMOND RUYER – de Jacques CARBOU –  Editions du Verbe Haut – 408 pages, 28 €

 

Raymond Ruyer (1902 – 1987) est un grand philosophe. Il a écrit 23 livres, quelques 116 articles. Professeur à l’Université de Nancy, il a effectué de nombreuses recherches. Il fut proche de Raymond Aron qui publia dans la collection qu’il dirigeait un de ses livres au titre provocateur juste après mais 68 : Eloge de la société de consommation. Il est cependant très peu connu, peut-être parce qu’il n’était pas « dans le vent révolutionnaire » ! C’est un de ses élèves, lui-même Professeur de philosophie, qui a eu l’excellente idée d’écrire sur lui. Il a choisi de présenter ce qu’il disait sur « la critique sociale ». Elle reste très actuelle.

Ce livre vous aidera fortement à comprendre le monde d’aujourd’hui, dit moderne.

 

 

LE DERNIER CARRE – Sous la direction de Jean-Christophe BUISSON et Jean SEVILLIA -  Editions Perrin – 384 pages – 21 €

 

Pourquoi des hommes – et des femmes – continuent de se battre jusqu’au bout alors que tout semble perdu ? C’est la question à laquelle répond ce livre écrit sous la direction de Jean-Christophe Buisson et Jean Sévillia par de très bons historiens et/ou journalistes. C’est l’histoire de nombreux combats de toutes les époques : des Spartiates au Thermopyles aux « Frères de la forêt » luttant dans les pays Baltes contre l’Armée Rouge après 1945 en passant par les Jacobites, les Zouaves pontificaux, les Communards, les Russes blancs, les Kurdes…. Ils se battent pour l’honneur, afin de « sauver ce qui peut l’être », « offrir leurs vie » pour une cause supérieure ou tout simplement dans l’espoir de survivre ou que leur conviction soit reconnue. Les causes sont diverses comme les combats, mais ces combattants des « derniers carrés » forcent l’admiration.

Un livre à lire et à faire lire.

 

L’EVANGILE DE LA TABLE – de Jean-Marie CUNY -  Editions du Verbe Haut– 80 pages –19 €

 

Jean-Marie CUNY est un ancien cuisinier – un de ses livres les plus vendus est consacré à la cuisine lorraine -. C’est donc en connaisseur et en catholique convaincu qu’il s’est attaqué à un sujet peu développé à ce jour : la place de la table dans l’Evangile. Rappelons, pour commencer, que c’est au cours d’un repas de noce que Notre Seigneur Jésus-Christ a commencé sa vie publique. Et il y a de nombreux repas mentionnés dans les Evangiles. Jean-Marie nous les rapporte. Allant plus loin dans le temps, il nous conte entre autres comment les moines se nourrissaient et se nourrissent toujours. Bien entendu, il en profite pour nous décrire en passant quelques belles traditions culinaires lorraines.

Un livre plaisant, facile à lire et plein d’enseignements. Chacun doit le lire et le conserver précieusement dans la bibliothèque.

 

LES DIX COMMANDEMENTS DE L’HOMME POLITIQUE – de François GUILLAUME -  Editions Le Cherche Midi  –180 pages – 16,90 €

 

L’auteur, ancien agriculteur, fut président de la FNSEA, ministre de l’agriculture puis député français au Parlement Européen et enfin député de Meurthe et Moselle à l’Assemblée Nationale. Ce livre est le résultat de sa réflexion sur ce que devrait être un homme politique au vu  de son expérience et de son « bon sens » paysan. Ce bon sens dont devrait faire preuve les hommes politiques. Les autres commandements sont la compétence, la communication dont il faut éviter les excès, le courage, la probité, l’humilité, la tolérance, la mode à laquelle il faut faire attention,  la réalité, la fierté nationale. Sa démonstration est claire et nette et il remarque que ces qualités ne se retrouvent généralement pas dans nos hommes politiques et de moins en moins. Il cite de nombreux exemples !

Un livre à lire surtout en ces périodes électorales.

 

ANTOINE SCHWERER, 1862-1936, De la Royauté à la Monarchie – de François SCHWERER -  Editions de Flore  – 268 pages – 10 €

 

L’auteur est l’arrière petit fils de l’amiral Antoine Schwerer. Docteur en droit et économie des entreprises, il collabore à Politique Magazine et à la Nouvelle Revue Universelle. Ce livre retrace la vie de ce marin d’exception doublé d’un grand savant qui fit toute sa carrière dans la marine nationale – la « Royale » – jusqu’à occuper des postes importants durant la grande guerre : sous-chef d’état major général de la marine, commandant supérieur des flottilles de canonnières fluviales, chef de cabinet du ministre de la marine enfin commandant supérieur des patrouilles de l’Atlantique et de la Manche. S’étant rendu compte dans sa vie militaire de la nocivité des manœuvres politiciennes dans notre république, il s’engagea, en retraite, après avoir fait connaissance de Charles Maurras à l’Action Française. Il lui restera  fidèle malgré la condamnation par l’Eglise. Il en devint même le Président du Comité Directeur.

C’est toute son admirable vie qui est décrite ici. Nous y trouvons aussi d’utiles réflexions politiques de ce grand homme.

 

 

PETIT CYR A LA FERME et PETIT A LA MONTAGE – de Apolline DUSSART -  Editions des Petits Chouans – Diffusion de la Pensée Française, BP 70001, Chiré-en-Montreuil. www.petits-chouans.fr.  12 pages, 4,50 € l’exemplaire. La collection des 12 volumes pour 49 €

 

Apolline Dussart poursuit ici avec deux volumes la collection de ces petits livres pour les tout petits. Ils mettent en scène des jeunes enfants avec leurs parents dans la vie de tous les jours. A lire au moment de raconter des histoires aux petits en leur montrant les images car ils sont très bien illustrés.

A offrir aux jeunes parents ou grands parents…

 

 

Jean NEDISCHER

 

Vous pouvez vous procurer tous les ouvrages présentés dans cet article à la Librairie des 2 Cités, 6 grande Rue à NANCY

 

 

( 14 septembre, 2021 )

Libre journal du lundi soir du 13 septembre 2021 : « Hommage à Dominique Paoli »

 

 


Michel Leblay, avec la participation d’Anne Collin et de Pierre-Alexandre Bouclay ainsi que l’assistance de Françoise, reçoit :

 

  • Thierry Delcourt, cadre dirigeant, patron du Libre journal des amitiés françaises
  • Laurent Artur du Plessis, géopolitologue, économiste, patron du Libre journal de la crise
  • Alain Lorans, prêtre, parton du Libre journal des traditions
  • Nicolas Stoquer, fondateur du Rassemblement pour la France, patron du Libre journal de la résistance française
  • Guillaume de Tanoüarn, prêtre, patron du Libre journal de chrétienté
  • Jean des Cars, historien
  • Salsa Bertin, journaliste, patron du Libre journal de la jeunesse
  • Vincent Meylan, rédacteur en chef de Point de Vue
  • Valérie d’Aubigny, critique littéraire jeunesse, patron du Libre journal de la transmission
  • Alain Sanders, journaliste, écrivain, éditeur, ex-patron du Libre journal de la résistance française
  • Hilaire de Crémiers, directeur de la Nouvelle revue universelle et conseiller éditorial de Politique magazine, suppléant pour le Libre journal de Jacques Trémolet de Villers
  • Philippe Conrad, historien, patron du Libre journal des historiens
  • Jean Sévillia, journaliste, historien
  • Patrick Simon, avocat, écrivain, patron d’Il était une fois…
  • Jean-Yves Le Gallou, journaliste, écrivain, président de Polémia
  • Carl Hubert, contributeur à Polémia, politologue

Thèmes : « Hommage à Dominique Paoli ; Chronique du grand large ; Chronique du courrier des auditeurs ; Rendez-vous politique de la réinformation »

Message de Pascale Maurer, patron du Libre journal des cultures et de l’exploration :

Je suis, comme nous tous, consternée et très triste de la disparition de Dominique Paoli. Je souhaite rendre hommage à son professionnalisme, à tout le temps qu’elle a consacré à la radio, à son souci de la moderniser comme le démontre la mise en place de la matinale. Sans oublier sa grande gentillesse et sa délicatesse. Chère Dominique, merci, vous allez beaucoup nous manquer.

Une Messe en hommage à Dominique Paoli sera dite par l’abbé Guillaume de Tanoüarn, lundi 20 septembre 2021 à 11 heures, en l’église Saint-Eugène Sainte-Cécile (4 rue du Conservatoire, 75009 Paris)

( 19 décembre, 2020 )

Les grandes manœuvres du clan du progrès

 

Lu sur « Boulevard Voltaire »

 

En ces temps de pandémie, la gouvernance publique est devenue folle, absurde, erratique, brownienne, ubuesque, irrationnelle et il serait lassant mais aisé de poursuivre. Cette gouvernance, toute incohérente qu’elle peut apparaître, a pourtant un cap et le suit tant bien que mal : une société transhumaniste où rien ne pourra s’interposer entre l’individu et les marchés et l’État, tant que ce dernier subsistera. L’abolition du corps intermédiaire qu’est la famille est une étape clef, comme un cap à doubler pour tracer sa route dans la course.

La France a signé la Convention internationale des droits de l’enfant en 1989 et doit répondre périodiquement aux questions de l’ONU sur l’application chez elle des dispositions de ce traité. Pour établir ces questions, l’ONU sollicite le monde associatif. Les associations du collectif Marchons enfants ! ont remis, en juillet dernier, une copie complète, fouillée, circonstanciée au comité ad hoc en charge de la synthèse. Celui-ci vient de publier son document. Hormis une question portant sur l’anonymat des fournisseurs de gamètes, toutes les violations probables du traité à commettre par la France dans le projet de révision de la loi de bioéthique sont passées à la trappe : exeunt les questions qui fâcheraient sur la PMA sans père et l’abolition de la filiation au profit de la fiction, la GPA, l’eugénisme des diagnostics préimplantatoires ou prénatals. Si l’ONU ne pose pas de questions gênantes, elle recevra des réponses dignes du bon docteur Pangloss : « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! » Les associations de Marchons enfants ! se sont indignées d’une telle autocensure et le font savoir. La gouvernance du « machin » laisse vraiment à désirer.

Dans un pays où le Parlement est censé contrôler l’exécutif, c’est le Président qui impose aux chambres législatives l’ordre du jour. Le programme de travail du Sénat vient de tomber : il devra examiner en seconde lecture le projet de révision de la loi de bioéthique à partir du 19 janvier 2021 en commission et du 2 février en séance. Ce projet de loi avait déjà fait l’objet d’une seconde lecture bâclée et antidémocratique au creux de l’été à l’Assemblée nationale. Est-il permis de s’interroger sur ce calendrier qui semble conçu pour éviter – entre et couvre-feu – de voir des cohortes de gens normaux braver le froid et une dévoyée (sur ordre, et pour réprimer au-delà de toute mesure ) ?

Une fois encore, ce pouvoir veut passer en force. Les circonstances compliquées que connaît le pays justifieraient que les priorités des parlementaires se réduisent, d’une part, à analyser et à voter les textes essentiels à la résolution des crises sanitaires, économiques, sociales et politiques qui accablent le pays et, d’autre part, à contrôler un exécutif doté de pouvoirs d’exception et dont certains des ministres pourraient, rappelons-le, être traduits devant la Cour de justice de la République pour leurs décisions irrationnelles.

Quelques esquisses, pour conclure.

Pour restaurer une gouvernance au service du bien commun, il faudrait au préalable constater que la Ve République est en soins palliatifs et qu’un tri est nécessaire dans les sujétions créées par les instances internationales et les traités.

Bien sûr, je suis complotiste de voir une collusion dans une convergence de cap « progressiste » qui n’est certainement qu’un simple hasard.

Attendons de savoir quelles seront les actions prévues par Marchons enfants ! pour s’opposer à cette loi et ce calendrier incompatibles avec l’état du pays.

Il y a aussi une bonne nouvelle : « La mère est une femme, le père est un homme » fait son entrée dans la Constitution hongroise, nonobstant l’ire de la bien-pensance universelle et patentée.

Rémy Mahoudeaux

( 20 juillet, 2020 )

Voici la seconde des cinq rubriques extraites de l’éditorial du n° 58 de la Nouvelle Revue Universelle, fondée par Jacques Bainville en 1920

 

 

 

2 – Les positions les plus contestées de Maurras ne doivent plus faire écran à ses découvertes majeures

Alors que le XIXe siècle – si « stupide » à tant d’égards ! – venait de s’achever sur de furieuses déchirures entre internationalisme exalté et nationalitarismes exacerbés, tous porteurs des barbaries tragiques qui exploseront au siècle suivant, Maurras, en quelques ouvrages majeurs – L’Avenir de l’intelligence, Enquête sur la monarchie, Kiel et Tanger… – a redonné définitivement à l’idée de nation sa dimension de mesure, par opposition à la démesure des empires – et son caractère protecteur : c’est là sa fonction la plus humaine, et la plus naturellement chrétienne, que plus tard, en 1937, il évoquera dès la première page de son grand texte sur la « politique naturelle ». Nous tenons à le souligner ici : il faut avoir lu, relu et médité ces textes, il y va de notre avenir.

Surgie aux premières années du XXe siècle, la pensée de Maurras surplombe de très haut les circonstances qui l’ont fait naître, pour devenir, à vue humaine, intemporelle. L’importance considérable de cette œuvre demeure pourtant largement occultée : souvent citée, mais généralement en toute méconnaissance de cause. Ce qui nous conduit, aujourd’hui, à deux ordres d’observations.

Il convient d’abord, que les positions prises par Maurras depuis l’Affaire Dreyfus, et surtout pendant la Deuxième Guerre mondiale – dont les motivations réelles sont extrêmement difficiles à apprécier avec justesse aujourd’hui – ne fassent plus écran à ses découvertes majeures, comme c’est encore trop souvent le cas. Il nous faut donc procéder, même si c’est une tâche ingrate et d’un intérêt de fond très relatif, à une élucidation complète de ces positions contestées, avec un sens très pointu du discernement.

Des ouvrages ou articles récents, ainsi que certaines interventions sur les réseaux sociaux, apportent des informations utiles, mais encore trop facilement assorties d’interprétations manquant notablement de jugement. Sur l’attitude de Maurras à cette époque, on ne peut exercer le regard critique qui s’impose qu’après avoir pris la peine de resituer dans leur contexte historique exact les faits établis.

Nous irons jusqu’au bout de cette démarche. Ce numéro de la NRU ne fait que les aborder brièvement, notamment dans l’entretien d’Alain Finkielkraut avec Michel De Jaeghere et Martin Motte, ainsi que dans le commentaire de Christian Tarente, sur un article donné à Causeur, le 16 décembre dernier, par Frédéric Rouvillois.

Cet article reprenait l’essentiel de l’ouvrage du germaniste Michel Grunewald sur l’Action française et le nazisme De ‘la France d’abord’ à ‘la France seule’ (P. G. de Roux, 2019), un précieux instrument de travail par le volume de documents qu’il exploite. Cependant les appréciations qu’il porte sont parfois contestables, on peut en voir les effets dans l’article de Causeur. Frédéric Rouvillois tient à prouver que Maurras, victime de son âge et figé dans ses idées fixes, aurait, malgré lui, collaboré de facto avec les Allemands. Les limites de l’argumentation étonnent de la part d’un esprit apprécié et respecté dont on connaît la puissance de travail et la subtilité de réflexion. À peine caricaturée, sa logique pourrait conduire à des absurdités, comme estimer que les gaullistes, en affaiblissant la position de Pétain dans son face à face avec Hitler, « collaboraient » de facto avec l’ennemi… Mais, en rejetant toute caricature, l’important pour nous est de comprendre à la fois ce que Maurras avait réellement en tête, et les effets constatables de ses écrits.

Le deuxième ordre d’observations – à nos yeux le plus important – touche directement à ce que nous avons appelé le nouvel âge du maurrassisme. Si les grands ouvrages de Maurras ont acquis un caractère intemporel, il n’en va pas de même du mouvement qu’il a créé et du corps de doctrine qu’il a élaboré. Appuyés sur les intuitions fondamentales du Martégal, ils ont vu leur forme évoluer avec le temps, ce qui était aussi souhaitable qu’inévitable. Deux figures, par la force de leur personnalité, ont donné une dimension exemplaire à ces évolutions : Pierre Boutang et Pierre Debray. À l’un comme à l’autre, la Nouvelle Revue universelle a consacré un numéro spécial (Boutang, le n°45 d’octobre 2016, Debray le n°56 d’avril 2019.) Au second, particulièrement méconnu, la revue a dédié toute l’année 2019, « année Pierre Debray » qui se conclut dans ce numéro avec la publication, d’un texte datant de 1984 : Maurras socialiste ? L’œuvre de Boutang comme la réflexion de Debray apportent la preuve que les grandes intuitions maurrassiennes se prêtent parfaitement à de nouvelles analyses, exprimées dans un langage adapté aux réalités nouvelles, ou replacées dans des perspectives auxquelles Maurras n’avait pu s’attacher… car on n’a qu’une vie !

De là le projet qu’a eu la Nouvelle Revue universelle, à l’initiative de Philippe Lallement, fondateur du Café Histoire de Toulon, de montrer que si la pensée de Maurras est toujours vivante aujourd’hui, c’est à la fois parce qu’elle a su renouveler ses modes d’expression, et parce qu’elle apporte une réponse originale et pénétrante aux désarrois du monde actuel. Ce nouvel âge du maurrassisme que nous vivons aujourd’hui prend différents visages.

CHRISTIAN FRANCHET D’ESPÈREY,

rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Universelle

Prochaine rubrique  : 3- Maurrassisme « intra-muros » et maurrassisme « hors les murs »

( 15 juillet, 2020 )

La fin de l’hégémonie américaine

 

Lu sur « Politique Magazine »

 

De la conquête inspirée du monde au repli prudent, les États-Unis ont fini par douter de leur rôle historique. Mais aucune nation ne peut vivre isolée : d’autres impérialismes émergent et menacent le Nouveau Monde.

Depuis la création de leur pays par des protestants européens rigoristes, les Américains sont convaincus d’être missionnés pour une « destinée manifeste ». Dieu leur a donné un rôle particulier, celui d’être le nouvel Israël. L’Angleterre, entre autres, avait décidé de se débarrasser de ces encombrants illuminés et leur avait demandé, dès le XVIIe siècle, d’exercer ailleurs leurs talents messianiques. C’est ce qu’ils firent dès leur arrivée sur la nouvelle terre promise.

Si l’on veut comprendre l’histoire des États-Unis et leur volonté d’hégémonie, il ne faut jamais perdre de vue ce point de départ historique, toujours très présent dans la culture américaine. Sa conséquence a rapidement été théorisée, par George Washington et bien d’autres : un jour l’Amérique dominera le monde parce que c’est sa destinée. Et cette domination devra s’accompagner d’une conversion des dominés aux valeurs chrétiennes, démocratiques et économiques qui ont fondé la constitution américaine.

Toutes les interventions extérieures des États-Unis, y compris celles qui s’appuyaient sur les mensonges les plus éhontés et les objectifs les plus mercantiles, devaient donc se parer des vertus de la morale et de la volonté divine. Bien sûr, d’autres peuples, d’autres armées s’appuieront sur l’aide divine : du Dieu le veut des croisés de 1099 au Gott mit uns de l’armée allemande, nombreux sont ceux qui ont voulu mettre Dieu avec eux, avec plus ou moins de sincérité. Mais pas au point d’en faire une sorte de fil rouge permanent pour dominer le monde.

Après la guerre d’indépendance, le XIXe siècle américain sera une période de prudentes avancées. L’isolationnisme prétendu des États-Unis ne fut au contraire qu’une alternance de consolidation et de progression à pas mesurés et limitée au continent américain. La situation n’était pas mûre pour une conquête plus importante.

La première guerre mondiale fut une avancée significative, mais freinée ensuite par la crise de 29 et par des moyens militaires encore limités. Auparavant, des interventions ponctuelles à Cuba ou aux Philippines auront été des ballons d’essai réussis par le truchement énergique de Théodore Roosevelt. L’Espagne catholique, et détestée à ce titre, devait être chassée de Cuba parce que trop près des États-Unis, et des Philippines, carrefour commercial essentiel sur la route de l’Asie. Les Américains s’appuieront d’ailleurs sur les Hollandais, autres protestants convaincus, dans la conquête commerciale de cette région.

Le temps du triomphe

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, de Monroe à Theodore Roosevelt, l’ensemble du continent américain est à peu près passé sous contrôle, mais guère plus, hormis quelques avancées ponctuelles en Asie. C’est donc 1945 qui verra l’accomplissement de la vocation universelle du « modèle américain ». À cette date, les États-Unis dominent le monde de façon écrasante, militairement et économiquement.

Le partage de l’Europe à Yalta permettra une mainmise idéologique et économique à peu près totale de l’Europe occidentale. Mainmise d’autant plus acceptée qu’elle signifie une protection décisive face au risque réel d’une invasion soviétique. La compétition avec le bloc communiste permet de réduire le débat à deux modèles : le libéralisme américain ou le communisme. C’est donc sans difficulté que le mode de vie américain va s’imposer en Europe, puis en Asie et, plus modestement, en Afrique. Les années 60 verront pêle-mêle l’exportation de la libération sexuelle, du jean et du coca-cola, trois symboles qui recouvrent bien sûr une réalité beaucoup plus large.

Les pays latins, encouragés par Vatican II et son « ouverture au monde » adhéreront sans beaucoup de résistance religieuse à cette révolution culturelle, contrairement d’ailleurs aux États-Unis où le courant protestant évangélique résiste davantage. L’opposition à l’avortement est ainsi beaucoup plus forte en Amérique qu’en Europe, mais sans remise en cause du modèle américain.

De façon générale, c’est le temps de « l’hégémonie bienveillante » pour le dominant et heureuse pour les dominés.

Les premières fissures vont apparaître avec la guerre du Vietnam. L’échec militaire et surtout moral va entamer la confiance aveugle de l’Amérique en elle-même. Les jeunes ne veulent pas partir et ceux qui y sont se droguent, c’est un choc très violent pour tout le pays. Mais l’histoire est un temps long et il faudra plusieurs décennies pour en mesurer toutes les conséquences.

Car des succès viendront compenser l’humiliante entrée des chars communistes à Saïgon. La reprise des relations avec la Chine est un coup de maître de Nixon, qui inquiète beaucoup Moscou. Dans le même temps l’Union soviétique perd ses pions en Amérique latine, voit ses alliés arabes vaincus par Israël et c’est le président Carter qui organise la réconciliation israélo-égyptienne.

L’apothéose est à venir avec la « guerre des étoiles » lancée par Reagan et que l’Union Soviétique ne pourra pas suivre, car ne peut être surendetté qui veut ! C’est au tour du bloc communiste de ne plus croire en lui, et les errements stratégiques du pauvre Gorbatchev accéléreront le processus. Le Mur tombe, l’Union soviétique suit de près et l’empire éclate, discrètement aidé par les Américains qui encouragent toutes les nouvelles indépendances possibles. L’ours fait toujours peur en raison de sa position géostratégique privilégiée et il faut le dépecer au maximum.

L’Amérique triomphe et bénéficie d’une domination sans partage. Un mot, lancé par le politologue américain Francis Fukuyama, fera date : il annonce « la fin de l’Histoire », c’est-à-dire le triomphe définitif de la démocratie libérale. Aveuglement euphorique déconcertant : tant que l’homme existe, il ne peut y avoir de fin de l’Histoire ni de triomphe définitif, des siècles de conflits sont là pour en témoigner.

C’est au contraire le déclin qui commence, lentement mais sûrement. L’invasion de l’Irak en 2003 va accélérer le processus. L’Amérique a menti pour ce qui sera l’intervention de trop. Celle d’Afghanistan avait été acceptée dans la foulée du 11 septembre et al-Qaïda y avait le gros de ses troupes. Auparavant le Kosovo n’avait que peu intéressé l’opinion américaine.

Le temps des échecs

L’Irak c’est autre chose. Son invasion relève de la doctrine interventionniste des néo-conservateurs, très présents autour de George Bush. Pour convaincre, il fallait mentir et le geste pitoyable de Colin Powell brandissant à l’ONU une petite fiole sensée contenir de l’anthrax fera le tour du monde et l’Amérique sera humiliée. Cette invasion était d’autant plus absurde qu’elle a renversé un régime sunnite pour installer un régime chiite devenu allié de l’Iran, grand ennemi de l’Amérique.

L’opinion américaine a très mal réagi : non seulement des milliers de soldats sont mort en Irak, alors que ce devait être une promenade de santé, mais le mensonge d’État, connu du monde entier, a été ressenti comme une honte. On ne plaisante pas avec le mensonge au pays de la bible, surtout lorsqu’il est public. De nombreux hommes politiques ont vu leur carrière s’arrêter net car ils avaient menti sur leur vie privée ou leurs revenus.

Pourtant Bill Clinton ne changera rien. Très influencé par sa femme Hillary, belliciste convaincue, il poursuivra cette politique hégémonique et interventionniste. L’Amérique mettra ainsi un soin tout particulier, avec l’aide active des Européens, à dépecer la Yougoslavie. La domination serbe dans la région devait cesser, pour cause de proximité excessive avec la Russie. Et puis, la fragmentation sert l’hégémon (le chef militaire de l’hégémonie), vieille doctrine géopolitique toujours valable.

Dans le même temps, Clinton poursuit sa politique antirusse, le fameux containment. La Géorgie fait l’objet d’une attention toute particulière. La CIA y est très présente et les dollars abondent. Les régions russophones du pays, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud sont l’enjeu de conflits successifs où Géorgiens, soutenus par des conseillers américains, et séparatistes, aidés par les Russes, l’emportent tour à tour. En 2008, après de nouveaux conflits, l’armée russe envoie 15 000 hommes et règle le problème, montrant ainsi qu’elle n’acceptera pas le basculement dans l’OTAN (c’était l’objectif) d’un nouvel État limitrophe. Cela s’est passé à la fin du deuxième mandat de George Bush.

Dans cette affaire géorgienne, Américains et Russes ont été quasiment face à face. Lors de l’offensive russe d’août 2008 qui dura huit jours, les Américains ont hésité. Dick Cheney, le vice-président néo-conservateur voulait bombarder le tunnel par lequel les chars russes passaient à la frontière. Les avis étaient partagés autour de Bush qui a tranché : c’est non. Les Russes ont donc gagné cette manche.

Nul doute que l’échec cuisant en Irak a pesé et Bush ne voulait pas partir sur une nouvelle guerre. De toutes façons, bombarder directement des Russes lui semblait inconcevable.

Le syndrome irakien pèsera aussi sur Obama. Pourtant, il donnera son feu vert à Sarkozy et Cameron pour la catastrophique intervention en Libye en 2011. Sa secrétaire d’État Hillary Clinton l’y a beaucoup poussé. Mais la mosaïque tribale libyenne avait totalement échappé à l’Amérique qui se retirera après l’assaut contre son ambassade à Benghazi et l’assassinat de son ambassadeur en 2012.

Instruit par tous ces échecs (hormis les Balkans où la création du Kosovo sera le couronnement de l’agression de l’OTAN), Obama ne veut plus d’intervention. Il refusera de suivre François Hollande dans son désir fou de renverser Bachar el-Assad en Syrie et se contentera d’expédier les affaires courantes en Irak et en Afghanistan. La dernière tentative de la CIA pour déstabiliser un État se soldera par un nouvel échec en Ukraine. Poutine profitera du chaos créé pour récupérer la Crimée. La CIA recevra ensuite l’ordre de ne plus fournir d’armes aux nationalistes ukrainiens ni aux islamistes syriens.

Donald Trump a parfaitement compris tout cela. Ce n’est pas un bobo de la côte est, et il sent l’opinion américaine. Il sait qu’elle est lasse de ces interventions coûteuses dans des pays dont elle ne connaît pas le nom. La désindustrialisation a fait des ravages, le fermier du Middle-West veut qu’on s’occupe de lui et la paupérisation croissante des « petits blancs » crée une attente. Ce sera « America first » et la victoire.

La fin de l’hégémonie, bienveillante ou non, est même assumée : trop de boys au loin, trop d’États déstabilisés avec des conséquences imprévues, trop de dollars dépensés pour rien, enfin. C’est à point nommé qu’un sénateur révélera le coût de l’intervention en Afghanistan : 1000 milliards de dollars ! Et tout cela pour donner bientôt le pays aux talibans… Même l’Iran peut détruire la moitié des installations pétrolières saoudiennes sans recevoir une pluie de bombes.

Parallèlement, Trump veut mettre fin au multilatéralisme : trop d’organisations internationales coûteuses et inutiles. Il se retire et inquiète ses alliés : l’hégémon ne veut plus être l’hégémon. Mais il y a une limite très précise : rester la plus grande puissance du monde, sans les contraintes d’être le gendarme du monde. Et là, un nouvel adversaire se dresse : la Chine. Elle non plus n’a pas vocation à envoyer ses troupes, pourtant repeintes à neuf, aux quatre coins du monde : uniquement près de chez elle, pour l’instant du moins. La concurrence va faire rage et l’avenir dira si elle devient affrontement.

Antoine de LACOSTE

La fin de l’hégémonie américaine dans actualités logo_pm_01

( 1 juillet, 2020 )

Est-il opportun de s’accrocher à un homme aussi décrié ?

 

Lu sur « actionfrancaise.net »

 

Voici le premier papier d’une série de cinq rubriques extraites de l’éditorial du n° 58 de la Nouvelle Revue Universelle, fondée par Jacques Bainville en 1920.

Cela fait près de soixante-dix ans que Maurras a disparu. En janvier 1945, la justice française, à laquelle il n’a jamais tenté de se soustraire – à aucun prix il n’aurait émigré, l’idée de l’exil l’horrifiait : plutôt mourir sur place ! –, l’a condamné, puis a rejeté tous ses recours. Son image reste lourdement entachée par cette condamnation pénale, parfaitement injuste et injustifiable sur le fond, mais prononcée dans des circonstances ambiguës qui permettent encore de la prétendre « explicable ».

Au-delà ou plutôt en-deçà de cette condamnation, l’image de Maurras est marquée par son « antisémitisme d’État » remontant à l’affaire Dreyfus. Elle l’est aussi par ses positions après l’invasion allemande de 1940 : convaincu que Pétain était le seul à pouvoir maintenir l’unité des Français face à la puissance occupante, et que cette unité était la condition sine qua non d’un véritable relèvement de la France, il a été hostile aux actes de résistance qui brisaient cette unité, ce qui a servi de prétexte à l’accusation d’avoir de facto collaboré avec l’ennemi. Et dans le contexte de l’occupation militaire du pays par les Allemands, son antisémitisme purement politique a été, contre toute vraisemblance, présenté comme complice de la Shoah. Il faut balayer tout cela si l’on veut aujourd’hui parler, en toute vérité et sans complaisance, de ce qui nous paraît critiquable dans l’antisémitisme de Maurras.

Mais d’abord une question qui n’a rien d’illégitime : même en supposant ces accusations sans fondement, est-il opportun, dans des conditions aussi défavorables, devant la constance, la convergence et la virulence de ces attaques, de continuer à se référer à lui ? Si nous sommes de ceux qui, à cette question, sans hésiter, répondent oui, ce n’est pas par attirance pathologique pour une cause perdue, ni par empathie pour la victime d’un déni de justice, pas non plus par intérêt pour un sujet de thèse universitaire, ni par inclination esthétique pour une figure d’un autre temps, et moins encore par entretien nostalgique du souvenir d’un cher disparu. Si nous estimons nécessaire de nous référer à ce Provençal destiné à devenir marin et dont seule la surdité a fait un Parisien, c’est parce que nous avons pris une claire conscience de l’importance des découvertes capitales que cet homme a effectuées et énoncées à l’orée du XXe siècle. S’opposant frontalement aux dogmes du siècle des Lumières et de la Révolution, il a, le premier, du moins avec cette hauteur de vue et cette puissance démonstrative, prouvé qu’il y avait une autre voie mieux à même d’assurer la prospérité de la France et le simple bonheur des Français. Et que, dans sa simplicité, son humilité même, cette voie revêtait une dimension universelle.

CHRISTIAN FRANCHET D’ESPÈREY,

rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Universelle

( 19 juin, 2020 )

Maurrassiens et technocratie

 

Lu sur « actionfrancaise.net »

 

La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (14/15)

Nébuleuse maurrassienne et Technocratie

Si un mouvement politique à considéré la prise de pouvoir par la Technocratie «  normale  », c’est bien l’Action française. Depuis 1956, elle a été sensibilisée à la montée en puissance technocratique. C’était, a rappelé Christian Franchet d’Esperey dans une belle émission de Radio-courtoisie1, la grande idée de Pierre Debray lorsqu’il rendait compte dans Aspects de la France, des évolutions de la société industrielle. Par sa grande pédagogie, Il fit comprendre le «  phénomène technocratique  » à toute une génération d’étudiants monarchistes des camp CMRDS.

Pour Hilaire de Crémiers, Debray avait compris par Maurras que la technocratie n’était pas un pure produit de la société industrielle mais la complice nécessaire à l’idée et aux institutions républicaines dans beaucoup de pays, y compris en Union Soviétique. Une sorte de dénonciation avec quarante ans d’avance de ce que certains appellent la super-classe mondiale qui prétend diriger, car les «  technos  » pensent avoir le savoir du pouvoir et le pouvoir du savoir. Et maitre Trémolet de Villers de renchérir sur le phénomène du «  complot des éduqués  » qui cherchent où se placer pour trouver les places où coule l’argent publique, se cooptent en passant du public au privé, ne prennent pas le risque de se faire taxer de «  sale capitaliste  » mais profitent des résidences d’été, des voitures de fonction, des grands hôtels, des aéroports. A son tour Franchet d’Esperey rappelle que Debray fut le premier a mettre en évidence dans la Nomenklatura soviétique la rivalité entre les bureaucrates – disons l’élite politique – et les technocrates. En fait Debray avait été influencé par les analyses postmarxistes des revues Arguments et Socialisme et Barbarie. D’où son espérance de la montée d’une «  nouvelle classe ouvrière  » française pouvant faire revivre l’anarcho-syndicalisme avec lequel l’Action française des origines avait cherché la jonction. On ne trouvait ce langage nulle part ailleurs, d’autant qu’il était exprimé en totale fidélité maurrassienne.

Les boutangistes de l’hebdomadaire La Nation Française – ces maurrassiens séparés de la «  vieille maison  » – s’opposaient aussi au groupe social des technocrates mais sur d’autres bases. D’abord les influences des positions «  humanistes  » et anti-techniques de philosophes comme Heidegger et Gabriel Marcel. Ensuite la volonté de s’appuyer sur les «  poujadistes  », cette classe moyenne agressée par les développements de la société industrielle.

Les deux héritiers catholiques de Maurras ont montré une hostilité à l’égard de la société de consommation déracinante, massifiante et désacralisée. Leur opposition à la technocratie est différent de l’anti-synarchisle communiste et de celui des contre-révolutionnaires catholiques, même proche comme Louis Daménie. Depuis longtemps les maurrassiens s’attendent à une prise du pouvoir politique par les technocrates. Au point d’ailleurs qu’ils envisagèrent d’appuyer une stratégie royaliste sur ce groupe sociale.

Retournement et Technocratie

En 1980, les maurrassiens2 de la Nouvelle Action Française qui étaient entré en dissidence avec la ligne «  ralliée  » des Renouvinistes, avaient développé une réflexion stratégique novatrice sur la base du phénomène technocratique et celui de la «  société du spectacle  » dénoncée par Guy Debord.

Dans le n° 13 du laboratoire d’idées de La Revue Royaliste, le sociologue Michel Michel proposait «  un modèle  » stratégique basé sur une ligne politique différente de celle de Debray et des boutangistes, concernant la technocratie  : «  Une autre ligne est possible que nous inspire la pratique même des contre-révolutionnaires dans la situation créée dans le passé par la modification des élites du début de l’ère industrielle. Au début du XIX° siècle, le système de valeurs des contre-révolutionnaires semblait indissolublement lié à I ‘ancienne société féodale et s’appuyait sur I ‘aristocratie terrienne et les portions de la société qu’elle contrôlait. Pourtant, la pensée contre-révolutionnaire a su tout au long du XIX° siècle, conquérir des fractions importantes des «  nouvelles élites  », rechristianiser en partie une bourgeoisie voltairienne, etc…  De même, au début du XX° siècle, I’Action française a su présenter à des groupes non acquis (intellectuels, syndicalistes, «  producteurs  » de Valois, etc…) une synthèse leur permettant de s’accorder avec les groupes qui avaient conservé la sensibilité de l’ancienne France. Pourquoi donc ne pas rechercher à convertir une fraction des élites nouvelles de la technocratie, non à la sensibilité de la bourgeoisie conservatrice ni même à celle héritée de Ia société féodale, mais à ce que notre système d’analyse et de valeurs a de permanent ? » En d’autres termes Michel proposait d’infiltrer la Technocratie afin de retourner ses meilleurs éléments au profit de la restauration monarchique.

Appelons désignons la voie technocratique proposée par Michel, comme un modèle stratégique de type «  retournement  », cette tactique si chère au spécialiste du renseignement Vladimir Volkoff, ancien étudiant maurrassien rédacteur à Amitié Française Université. Le retournement appartient bien à la «  boite à outils  » maurrassienne. Le doctrinaire du néo-royalisme la revendiquait dès 1909  : «  Lorsque j’étais enfant, explique Maurras, le plus beau des faits d’armes, celui qui unissait la bravoure à l’utilité, me semblait devoir être d’accourir à toute bride sur la batterie ennemie, de hacher à leur poste les servants et les canonniers, puis, au lieu d’enclouer vainement les pièces conquises, de les retourner aussitôt pour leur faire jeter le désordre et la mort dans les lignes de l’adversaires.3  » Rêverie d’enfant que Maurras mettra en application pour retourner la jeune Action française alors républicaine – cette élite en fusion d’après l’historien Jean-Pierre Deschodt – au service du roi. Rêverie d’enfant qui deviendra modèle stratégique dans son texte trop méconnue Mademoiselle Monk4. Modèle stratégique que le maurrassien Patrick Buisson déploya auprès de Nicolas Sarkozi, au point de lui permettre d’acceder à la Présidence de la République en 2005. Car une stratégie n’a de valeur que déployée.

Débat de stratégie royaliste

Un débat s’instaura entre le maitre et l’élève, entre Pierre Debray et Michel sur le bienfondé du modèle proposé. Pour ce dernier «  De même qu’il y a aujourd’hui des enseignants contre l’école, des curés contre I ‘Eglise et des magistrats contre I ‘appareil judiciaire, on doit s’attendre à ce que les plus exigeants des technocrates ne soient plus des instruments dociles de la «  raison d’Etat  » technocratique. Pourquoi ne pas envisager d’être les promoteurs dans ce milieu d’une «  nouvelle synthèse  » et d’y organiser l’équivalent de ce que te syndicat de la magistrature a été pour le milieu judiciaire ? A I’ancienne synthèse, aujourd’hui en décomposition, fondée sur la dialectique entre une intelligentsia progressiste (eschatologie du progrès et de la «  libération de I’Homme  ») et une technocratie de la rationalité abstraite (mal) régulée par I’opinion publique€, nous proposons de substituer une nouvelle synthèse fondée sur une intelligentsia anti-progressiste (néo-traditionnaliste,… ) et une technocratie enracinée (service public des communautés concrètes), plus tard (peut-être) régulée par un pouvoir politique indépendant.  »

Pour sa part, dans Je Suis Français, Debray argumenta contre l’hypothèse du retournement technocratique  : «  En 1956 quand j’ai commencé à étudier le phénomène, je l’ai abordé sous un angle purement sociologique et non pas historique. A L’époque je parlais de bureau-technocratie. Ce qui prêtait à malentendu. Ainsi La Revue Royaliste semble s’imaginer que je refusais le progrès technique, que je versais dans le poujadisme et que je suivais trop servilement certaines analyses des «  gauchistes  » de Socialisme et Barbarie… Il est vrai que ce sont des marxistes dissidents qui ont été les premiers à nous alerter sur la véritable nature de la société soviétique et sur les transformations d’un capitalisme détaché du capital. Mais il fallait reprendre ces analyses, exactes au niveau des faits, en fonction de l’empirisme organisateur.  » Ce qu’il fit. Partant du constat de physique sociale de la création d’une Nomemklatura par le «  citoyen-général Bonaparte  », il contesta le modèle stratégique proposé par Michel.

Ce débat fut interrompu par l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république. Il n’en reste pas moins vrai que le dossier de retournement technocratique proposé par Michel Michel reste un modèle du genre digne de celui de la «  Stratégie nationaliste  » proposé en 1962 par Pierre Debray et qui lui aussi ne fut pas déployé.

C’est donc par l’intérêt constant qu’elle porte au phénomène technocratique et à sa prise de pouvoir politique, jusqu’à y voir prospectivement un potentiel stratégique, que l’Action française à jugé à minima «  normale  » la prise du pouvoir politique par Macron en 2017. Nous verrons qu’elle va même au-delà.

Germain Philippe ( à suivre)

1 «  Centenaire de la Revue Universelle fondée par Jacques Bainville en 1920  », Libre journal de Jacques Trémolet de Villers , émission du 28 mai 2020, Radio-Courtoisie, avec Jacques Trémolet de Villers, Hilaire de Crémiers, Christian Franchet d’Esperey.
2 Olivier Dard, «  « Des maorassiens aux maoccidents : réflexions sur un label et sa pertinence en lisant un essai récent », in Bernard Lachaise, Gilles Richard et Jean Garrigues (dir), Les territoires du politique. Hommages à Sylvie Guillaume, Presses universitaires de Rennes, 2012, pp. 167-176.
3 Charles Maurras, Préface de 1909 à Enquête sur la Monarchie, Les éditions du porte-glaive, 1986, p.5.
4 Le texte de Maurras est paru en 1902 dans la Gazette de France avant d’être repris en 1905 dans L’Avenir de l’intelligence sous le titre Mademoiselle Monk.

 

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