DIRECTIONS POUR L’ACTION
Le Mot Président de LA RESTAURATION NATIONALE
Dans son numéro de juin, Politique Magazine a publié un passionnant dossier consacré au réveil de la société civile. Cet article de méthodologie d’action politique se termine par ces lignes : « L’insurrection de l’esprit surgie du pavé parisien au printemps 2013 annonce avec certitude que quelque chose, un jour, se passera. L’ébranlement est là, chacun, en France, l’a ressenti. Il reste à tout faire pour acquérir la possibilité d’agir lorsque la chance historique sera là. Chaque nuit qui vient, nous le savons, porte en ses plis la possibilité d’une aube nouvelle. Il n’y a pas de fatalité. Les mécanismes de l’histoire sont héroïques. La volonté de quelques hommes décidés peut, dans des circonstances favorables, emporter la décision. Mais pour réussir, nous devons tenir les deux bouts de la chaîne : préparer le nouveau consensus intellectuel et moral qui rassemblera les Français… et être prêts à reprendre le pouvoir. Ce qui suppose des convictions solidement étayées sur ce que doit être la politique de la France et, conséquemment, sur les institutions qui pourraient les porter ». (1) Le complément logique et indispensable de ces directions pour l’action est formulé dans la brochure du Cercle Vauban Une espérance pour la France : la monarchie (2). Car, sauf à se résigner au rôle d’éternelles pleureuses dans une atmosphère débilitante, les mouvements citoyens de la saine réaction en cours devront redécouvrir le sens d’une politique réaliste. Autrement dit, il s’agit bien de reprendre le pouvoir. Cette démonstration reste notre mission essentielle. Il est heureux que les circonstances nous aident à la faire voir puis comprendre.
C’est que le logiciel officiel tourne de plus en plus en vase clos. Il rabâche que la vie, c’est les partis et que les nations sont dépassées. L’actualité vraie lui réponde par le rejet grandissant des partis et le retour du fait national. Mais rien ne sert de leçon aux gens des partis : à gauche, après la « journée de la veste » des élections européennes, l’Etat-PS ne fait que de l’enfumage : un changement de gouvernement qui n’en est pas un, un nouveau premier ministre qui se sent autant Catalan que Français, un projet de réforme territoriale qui sacrifie aux tenants de l’Europe des régions, une exaltation du traité transatlantique qui accentue davantage encore la sortie de l’histoire des nations européennes. A droite, on continue comme toujours sur l’air de la division et des manœuvres. Voyez Alain Juppé : à n’en plus pouvoir de se rêver à l’Elysée, il est sûrement le plus emblématique des hommes de droite à avoir renoncé à la défense de tous les repères structurants de la société, de la famille à la nation. Rien de tout cela qui permette de fonder une espérance.
En réalité, il n’y a plus, dans les partis dits de gouvernement, d’hommes politiques qui croient qu’un chemin français soit encore possible. Tous ne croient qu’en leur chemin personnel ! Pourtant toute la géopolitique depuis la seconde guerre mondiale, mais surtout depuis 1990, tend à prouver que les Etats-nations en restent les acteurs principaux. Les Etats-Unis son convaincus de leur « destinée manifeste » et développent une stratégie mondialiste, c’est-à-dire la transformation du monde à l’image de l’Amérique (à ne pas confondre avec la mondialisation qui n’est que l’accroissement des interdépendances des espaces mondiaux du fait des moyens techniques). Le malheur pour nous est que nos dirigeants ne croyant plus en la France aient facilité cette manœuvre. Il est vrai que nos élites participaient à des oligarchies transatlantiques, notamment par le biais des réseaux de la franc-maçonnerie… Dès l’origine, l’Europe envisagée fut celle de Jean Monnet, citoyen et banquier américain en même temps que citoyen français. Elle fut conçue comme un prolongement des Etats-Unis. C’est cette politique qui continue aujourd’hui avec les extensions récentes de l’OTAN et la signature du Traité transatlantique. Mais il est à noter que l’Union Européenne est un cas à part : les autres grandes organisations régionales (ALENA, MERCOSUR, ASEAN, etc.) se sont faites dans un esprit exactement contraire, celui du renforcement des nations. Semblablement, l’affirmation des puissances émergentes révèle la volonté de grandes nations de s’affirmer sur la place internationale, et pas seulement de façon marchande. Cela est patent pour les plus connues : Brésil, Russie, Inde, Chine. Mais ce ne sont pas les seules. Plus encore, partout dans le monde, les peuples rejettent la vision unipolaire du mondialisme. Même en Europe, on vient d’en avoir un écho, s’affirme la volonté des peuples d’exister face au système de l’UE, liberticide des identités et aux prétentions impérialistes.
Au total : les Etats-nations restent la meilleure grille de compréhension du monde et la multipolarité qu’ils entraînent est probablement le cas de figure le moins belligène. Au contraire la vision unilatéraliste risquerait de faire se reconstituer des blocs rivaux. N’en déplaise aux rêveurs du village planétaire, le monde reste varié et, dans ce contexte, on ne voit pas pourquoi la France n’aurait pas la possibilité de jouer à nouveau un rôle digne de son Histoire. Mais encore faut-il qu’elle résolve enfin son problème politique. A tous ceux qui s’interrogent aujourd’hui sur le Bien commun français il faut montrer que l’équation gagnante ne pourra qu’être : saines réactions + réflexion sur les institutions = projet politique à la fois nouveau et fidèle à l’identité française.
Bernard PASCAUD
(1) Article de Christian Tarente « Nécessité d’un sens politique » dans Politique magazine n° 130 (Juin 2014)
(2) Cercle Vauban Une espérance pour la France : la Monarchie, Regalia éditions, 6 €. A commander au siège de la R.N.